Poème du jour : "Psychologie", Iwan Gilkin
"Je suis un médecin qui dissèque les âmes..."
Léon Spilliaert, Autoportrait au miroir (1908)
Psychologie
Iwan Gilkin, La Nuit, 1897 À Camille Lemonnier.
Je suis un médecin qui dissèque les âmes,
Penchant mon front fiévreux sur les corruptions,
Les vices, les péchés et les perversions
De l’instinct primitif en appétits infâmes.
Sur le marbre, le ventre ouvert, hommes et femmes
Étalent salement dans leurs contorsions
Les ulcères cachés des noires passions.
J’ai palpé les secrets douloureux des grands drames.
Puis, les deux bras encor teints d’un sang scrofuleux,
Poète, j’ai noté dans mes vers scrupuleux
Ce que mes yeux aigus ont vu dans ces ténèbres.
Et s’il manque un sujet au couteau disséqueur,
Je m’étends à mon tour sur les dalles funèbres
Et j’enfonce en criant le scalpel dans mon cœur.