Louis Calaferte : Citations et poèmes
Dernière mise à jour : 15 avr. 2023
Louis Calaferte (1928-1994)
"Né à Turin, Louis Calaferte (1928-1994) est un écrivain, dramaturge, poète et essayiste français né en Italie. Garçon de courses à treize ans dans une usine de piles électriques puis manœuvre, il commence son œuvre littéraire par le théâtre.
Après avoir vécu dans la marginalité jusqu’à son adolescence, Louis Calaferte se met à écrire très tôt. Grâce à Joseph Kessel, il publie Requiem des innocents, qui connaît le succès en 1952. En 1956, il s'installe à Mornant dans les monts du Lyonnais et y écrit Septentrion, ouvrage taxé de pornographie qui fut interdit à la vente et réédité seulement vingt ans plus tard chez Denoël.
Écrivain souvent ignoré de ses pairs, homme d'enthousiasmes et de colères, mais tout autant homme de réflexion, réservé et secret, Louis Calaferte a construit une œuvre forte et personnelle. Il fut un poète vigoureux et sensible, à l'écriture précise et passionnée, violente et sans concessions. Auteur de récits, essais, carnets, poésies, pièces de théâtres représentées en France et à l'étranger, Louis Calaferte a reçu le Grand Prix National des Lettres en 1992. Après sa mort, son épouse Guillemette continue d'éditer les volumes restés inédits de son journal."
[Source]
Citations
« Je me jetais sur les livres comme s'ils devaient nécessairement me livrer la clef de moi-même. Et la serrure avec. »
Septentrion
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« Tous les livres ne sont pas pour tous les lecteurs indifféremment. Chacun doit trouver les siens. Les trouve-t-il, c'est l'harmonie. »
« La littérature doit, soit enrichir l'esprit, soit le bouleverser."
Carnets XIII
« Qu'étais-je de plus que les autres ? La somme inexprimable de ténacité cruelle, impitoyable envers soi, qu'implique ce tour de force de devenir créateur. Après tout, écrire n'est rien d'autre que s'avouer malheureux. »
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« J'ai si peu de plaisir à me propulser, à perdre ma salive en vains bavardages; mon contentement est tel à demeurer à mon bureau, travaillant, lisant, réfléchissant, que la maison que nous habitons est pour moi plus qu'une maison, c'est ma tanière. Je ne suis moi-même que dans le retirement. »
Choses Dites
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« J'ai mis ma vie à chercher à être moi-même. Pour ce faire, car il est probable qu'on peut le faire différemment, je me suis retiré des hommes à l'âge où il est aisé parmi eux de briller. Mon temps a été occupé à m'édifier, sans souci de plaire ou de déplaire. Mon travail, qui fut intensif, est le résultat de cette rigueur. »
Carnets XV
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« Avouer sa personnalité est un acte libératoire aux résonances heureuses qui, parfois, évitent le pire : le désordre intérieur. »
Carnets XV
« Je suis en perpétuelle recomposition. »
Choses Dites
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« L’acte magique de la vie est le permanent éveil de la conscience. »
Carnets XV
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« La Vie est souplesse.
La Vie est malléable.
La vie est permanente évolution.
La Vie est constant devenir.
Il ne tient qu'à nous que notre lendemain ne soit pas semblable à notre aujourd'hui.
Nous pouvons tout commencer au moment où nous le décidons.
Nous pouvons à tout moment être correction de nous-mêmes. »
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Ce monde ne vit pas.
Il se bat avec l'argent.
Ce monde n'est donc pas bon.
Sortez de ce monde.
Vivez.
Ayez l'audace de vivre.
Le monde basculera avec vous.
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Par le vouloir de la responsabilité individuelle.
Par le vouloir du bonheur.
Par le vouloir du beau.
Par le vouloir de l'harmonie.
Par le vouloir de la concorde.
Par le vouloir de l'évolution spirituelle.
Par le vouloir de la Vie.
Vous êtes des âmes !
« Qui gravit, souffre et s'éloigne. Mais au moment du sommet est le repos. Là où il n'est plus de comparaison pour se savoir solitaire. »
Rosa mystica
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« J'écris dans le jardin. Beauté des fleurs épanouies sous la lumière souple et bleutée de midi. Petits macarons des oeillets d'Inde, dans leur jaune pourpré ; échevèlement des marguerites blanches ; yeux cristallisés des dahlias ; fragilités des roses. Vies vouées à l'élégance. Sois radieux. La lumière crépusculaire est une poussée d'or et d'azur.
Merveille que de vivre ! »
Carnets XIII
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Ô papillotes éphémères
De quelque carnaval blasé
Si j'avais su j'aurais osé
Qui emporte nos destinées ?
Après tant de jours de mois et d'années
Quel enfant étais-je, ma mère ?
J'aimais la peine douce-amère
Des soirs d'hiver ankylosés
Et le calme des maisonnées
Qui emporte nos destinées ?
Après tant de jours de mois et d'années
Quel enfant étais-je, ma mère ?
Mon désespoir vous énumère
Ô antans volatilisés
Si j'avais su j'aurais osé
Songeons à d'autres randonnées
Qui emporte nos destinées ?
Après tant de jours de mois et d'années
II faut bien en finir, ma mère...
Rag-time
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PRIÈRE POUR QUAND JE MOURRAI
« Voudrais qu'on m'enfougère,
qu'on m'envente, qu'on m'enrose,
qu'on m'encoquelicotte, qu'on m'enféminise,
qu'on m'endoucisse , qu'on m'enciélise ....
Voudrais pas qu'on m'enterre. »