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"Le Passereau Solitaire", par Giacomo Leopardi

Dernière mise à jour : 21 janv. 2021





LE PASSEREAU SOLITAIRE




Sur le sommet de la tour antique,

passereau solitaire, tu vas chantant à la campagne

tant que le jour ne meurt pas,

et l’harmonie erre par cette vallée.


À l’entour, le printemps brille dans l’air

et s’égaie dans les campagnes,

si bien qu’à le voir le cœur s’attendrit.

Tu entends bêler les troupeaux, mugir les bœufs.

Les autres oiseaux, contents, font ensemble

à l’envi mille cercles dans le ciel libre :

ils fêtent leur meilleur temps.


Toi, pensif, à l’écart, tu regardes tout cela :

sans compagnons, sans vol dédaigneux de l’allégresse,

tu évites ces passe-temps. Tu chantes et tu passes ainsi

la plus belle fleur de l’année et de ta vie.


Hélas ! combien ton caractère ressemble au mien.

Distractions et rires, douce famille de l’âge tendre,

et toi, frère de la jeunesse,

Amour, regret douloureux de la vieillesse,

je ne me soucie pas de vous, je ne sais comment.

Que dis-je ? je vous fuis bien loin :

comme solitaire et étranger

dans mon pays natal,

je passe le printemps de ma vie.


Ce jour, qui maintenant fait place au soir,

est un jour de fête pour notre bourg.

Tu entends dans l’air serein un son de cloches,

tu entends résonner souvent des coups de feu

qui retentissent au loin de villa en villa.

Toute la jeunesse du lieu, vêtue de fête,

sort des maisons et se répand par les rues.

Elle voit, elle est vue et elle se réjouit dans son cœur.


Moi, solitaire, je sors dans ce coin désert de la campagne,

je remets à un autre temps tout plaisir et tout jeu,

et cependant mon regard étendu dans l’air brillant

est frappé par le soleil qui, à travers les monts lointains,

après ce jour serein, tombe et s’éloigne et semble dire

que l’heureuse jeunesse s’en va.


Toi, oiseau solitaire, venu au soir de la vie

que te donneront les étoiles,

tu ne te plaindras certes pas de ta condition :

car tous vos désirs sont le fruit de la nature.

Moi, si je n’obtiens pas d’éviter le seuil odieux

de la vieillesse, quand mes yeux seront muets

au cœur d’autrui, que le monde sera vide pour eux,

que le lendemain sera plus ennuyeux

et plus importun que le jour présent,

que penserai-je alors de mes désirs d’aujourd’hui,

de ces miennes années et de moi-même ?


Ah ! je me repentirai, et souvent,

mais, désolé, je me retournerai vers le passé.




* * *



IL PASSERO SOLITARIO



D’in su la vetta della torre antica, passero solitario, alla campagna cantando vai finché non more il giorno; ed erra l’armonia per questa valle. Primavera d’intorno brilla nell’aria, e per li campi esulta, sí ch’a mirarla intenerisce il core.

Odi greggi belar, muggire armenti; gli altri augelli contenti, a gara insieme per lo libero ciel fan mille giri, pur festeggiando il lor tempo migliore: tu pensoso in disparte il tutto miri; non compagni, non voli, non ti cal d’allegria, schivi gli spassi; canti, e cosí trapassi dell’anno e di tua vita il piú bel fiore.

Oimè, quanto somiglia al tuo costume il mio! Sollazzo e riso, della novella etá dolce famiglia, e te, german di giovinezza, amore, sospiro acerbo de’ provetti giorni, non curo, io non so come; anzi da loro quasi fuggo lontano;


quasi romito, e strano al mio loco natio, passo del viver mio la primavera. Questo giorno, ch’omai cede alla sera, festeggiar si costuma al nostro borgo.



Odi per lo sereno un suon di squilla, odi spesso un tonar di ferree canne, che rimbomba lontan di villa in villa. Tutta vestita a festa la gioventú del loco lascia le case, e per le vie si spande; e mira ed è mirata, e in cor s’allegra. Io, solitario in questa rimota parte alla campagna uscendo, ogni diletto e gioco indugio in altro tempo; e intanto il guardo steso nell’aria aprica mi fère il sol, che tra lontani monti, dopo il giorno sereno, cadendo si dilegua, e par che dica che la beata gioventú vien meno.

Tu, solingo augellin, venuto a sera del viver che daranno a te le stelle, certo del tuo costume non ti dorrai; ché di natura è frutto ogni vostra vaghezza. A me, se di vecchiezza la detestata soglia evitar non impetro, quando muti questi occhi all’altrui core, e lor fia vòto il mondo, e il dí futuro 55del dí presente piú noioso e tetro, che parrá di tal voglia? che di quest’anni miei? che di me stesso? Ahi! pentirommi, e spesso, ma sconsolato, volgerommi indietro.




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